
Maroc 2025
Maroc, Le Retour ... 8.000 km en 34 jours
Je m’étais promis de retourner au Maroc. Voilà, c’est parti pour rejoindre ce beau pays et ses habitants bienveillants.
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Cette fois-ci, je vais limiter au max les traversées maritimes. Donc grande Descente de Paris à Algesiras. Cela me permettra de profiter de notre belle France et des grands espaces espagnols.
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Ferry de Algesiras à Tanger avant une grande boucle en terres marocaines par Fez, l’Atlas, Ouarzazate, Mirleft sur la cote Atlantique au Sud d’Agadir et retour le long de la frontière algérienne par Tata, Zagora, Errachidia, Taza et Nador pour un ferry vers Almeria.
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En vue macro, cela semble être le même parcours qu’en 2023 mais dans le détail, je vais emprunter les routes et faire étapes aux endroits que je n’avais pas pu voir lors de ma précédente expédition. Il y a tellement de choses à voir. Et même si par accident, je repasse à certains endroits identiques, on ne s’en lasse pas.
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Cette année les moyens de production vidéo vont être réduits. Je me contenterai donc d’un récit de la journée illustré de quelques beaux clichés et de prise de vue capturées depuis la moto en roulant. Pas de montage sophistiqué de vidéos recherchées avec musique et commentaire en voix Off.


Une bonne étape de mise en route : soleil et invité surprise
Jour 1 # 14 avril 2025 : Paris - Loches / 272 km en 8 heures
Une courte étape pour démarrer de 272 km.
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Autoroute jusqu’Ablis pour sortir vite de la banlieue parisienne. Mais, surtout, Tristan se joint à moi pour descendre jusqu’à Urrugne.
La Beauce est vite traversée.
Les colzas font des taches d’un jaune plus ou moins explosif selon la présence ou non de soleil.
Déjeuner à Blois dans un Burger King. Ce n’est pas bien mais pratique et cela fait plaisir au « petit » !
Puis routes plus variées pour une arriver sans encombre à Loches.
La place devant l’hôtel servant aux réjouissances de Pâques, nous devons garer nos engins dans une ruelle derrière.
Ce qui inquiète Tristan car comme il le dit gentiment : » Autant ton antiquité ne risque rien (i.e ma vaillante BMW de « 2009), autant mon roadster Suzuki tout neuf et brillant va surement attirer tous les voleurs du département ! »
Les images du jour
Une étape sérieuse mais sans une goutte de pluie
Jour 2 # 15 avril 2025 : Loches - Civrac de Blaye / 331 km en 10 heures
Tristan se décide à poursuivre la route avec moi jusqu’au Pays basque.
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Nous partons de Loches sous un ciel couvert mais nous n’aurons pas une goutte de pluie de la journée.
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Nous avançons bien sur les routes de Touraine et du Poitou en passant par La Roche Posay.
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Nous déjeunons au Café de la Gare à Confolens. Une bonne adresse de cuisine « fait maison » avec un menu tout compris pour 16€. On ne prendra pas le verre de vin rouge inclus dans le menu ! Boire ou conduire…..
Ce n’est pas la grosse chaleur mais nous roulons bien sur des routes très peu fréquentées, ce que Tristan apprécie beaucoup.
À la suite d’une petite erreur de positionnement de l’hôtel du soir, nous arrivons un peu tard à La Grange La Dupuise, pas loin de Blaye, perdue entre les vignes. Un charmant endroit tenu par un chef belge qui nous régale au diner.
Une étape bien agréable même si la température en soirée est bien fraiche !
Les images du jour
Une autre belle étape à travers les Landes
Jour 3 # 16 avril 2025 : Civrac de Blaye - Urrugne / 314 km en 8 heures
Nous quittons Civrac de Blaye par une belle fraicheur mais un beau ciel bleu.
En 20 km nous arrivons au port de Blaye pour prendre le ferry permettant de traverser l’estuaire de la Gironde. Mais nous ne traverserons pas en bateau car il n’y en a que toute les deux heures et nous venons de rater le précèdent de 20 minutes.
En route donc pour le contournement de Bordeaux par sa fameuse rocade puis par la A63 jusqu’à Marcheprime. Rien de passionnant mais efficace. Les « trains » de camion ne rendent pas la conduite très agréable ni détendue. C’est là que Tristan découvre que sa moto n’est pas vraiment faite pour de longue section d’autoroute.
Nous retrouvons les routes plus calmes des Landes même si le trafic est plus dense que la veille.
Nous déjeunons au Bistrot Jeanot à Pontenx-les-Forges. Autre excellente adresse de cuisine du terroir à prix raisonnable.
Puis nous filons vers Urrugne en repoussant jusqu’à Hossegor le moment de reprendre l’autoroute pour les 60 derniers kilomètres. Cependant, nous n’éviterons pas une bonne averse, vite oubliée sous le soleil revenu des Landes.
Les images du jour
Le vrai départ : une bonne étape pour se remettre en selle
Jour 4 # 5 mai 2025 : Urrugne - Logroño / 178 km en 3 heures
J’ai quitté Urrugne après que la pluie se fut arrêtée et malgré des températures parfois fraiches (8° dans les monts de Navarre), la météo fut clémente toute la journée.
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100 km d’autoroute pour commencer, à essayer de survivre entre les camions qui font la course entre eux et à passer des épingles à cheveux dignes d’un col des Pyrénées.
Puis 200 m après avoir quitté l’autoroute, j’ai enfin attaqué des petites routes de cols (jusqu’à 980 m) perdues dans la montagne.
La traversé de l’Alava m’a permis de découvrir des panoramas superbes et des petits villages tout à fait jolis.
Redescente enfin dans la plaine de Logroño, charmante capitale d’un certain breuvage, appelé le Rioja. Je vais devoir m’atteler ce soir à la découverte de cette spécialité locale !
Les images du jour
Une longue, frisquette mais superbe étape
Jour 5 # 6 mai 2025 : Logroño - Ávila / 398 km en 9 heures
En descendant vers le sud, j’étais convaincus de voir les températures s’envoler.
Eh bien, pas du tout ! Car en Espagne si vous descendez, vous avez de grande chance de monter.
J’ai, en effet, passé la journée entre 1000 m et 1500m d’altitude, avec un thermomètre allant de 4° à 12° maxi !
La matinée a été une superbe série de routes sauvages bien tournantes, de défilés impressionnants, le tout sans croiser personne, sauf des ânes, des vaches et un convoi exceptionnel. Un vrai plaisir.
Après une pause déjeuner « utilitaire », le paysage a graduellement changé en devenant de plus en plus plat dès l’entrée en Castilla y Leon. Mais cela n’a rien enlevé au plaisir de la route, avec dans le lointain les montagnes enneigées et la visite d’une jolie chapelle perdue.
Ce soir, je fais étape dans un petit village au sud de Ávila. Les grandes villes, ce n’est pas bien à moto !
Alors, pour le coup, je suis seul dans l’hôtel et le seul resto du village est ferme. Mardi, c’est jour de repos !
Je suis donc bon pour un piquenique dans ma chambre !
Les images du jour
Une grande étape pleine de paysages variés et, enfin 23° !
Jour 6 # 7 mai 2025 : Ávila - Zafra / 393 en 9 heures 30
Cette fois-ci encore, la matinée a été montagneuse avec un col à 1600 m.
Les routes sont bien tournantes et roulantes, le tout sous un beau soleil mais pas plus de 6° jusqu’à 11h.
En plus, personne sauf si on compte la faune sauvage (chamois, cerf, biche et renard) que j’ai vu à plusieurs occasions, de près, voire d’un peu trop près en une occasion !
Après la Sierra de Gredos, je traverse la Sierra de Guadalupe dont le village du même nom recèle d’un magnifique centre et monastère. Y ayant déjà fait étape dans le passé et n’étant pas convaincu par aucun des restos a touriste, je ne m’y arrête pas pour déjeuner. J’avais mal estimé le degré de désert humain sur les 60 km suivants.
A 14h00, avant de tomber d’inanition, je sors le piquenique de secours.
Au total, cela fait piquenique depuis hier soir.
Mais je me rattraperai ce soir, à Zafra, grande ville avec plein de resto ouvert !
Le reste de la journée me permet de traverser de vastes plaines de l’Extremadura.
Elles sont étonnamment vertes et arrosées et regorgent d’olivier, de vignes et d’arbres fruitiers (pêche, nectarine, figue). Les villes traversées ont une beauté bien cachée et les routes ne sont pas complétement vides (de véhicules humains, cette fois-ci !).
Les images du jour
Fin de l’Extremadura et Andalucia entre montagnes et plaines
Jour 7 # 8 mai 2025 : Zafra - Vejer de la Frontera / 344 en 8 heures 30
Une étape mi-figue mi-raisin !
Je quitte Zafra et parcours les derniers kilomètres en Extremadura par des routes bien droites et sous un ciel couvert où le soleil matinal compose des lumières étonnantes.
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Je rentre en Andalucia par la Sierra Norte de Sevilla, où les routes sinueuses et sans personne découvrent des oliviers à l’infini.
Je descends ensuite dans la plaine du Guadalquivir pour contourner Sevilla. Le mythique fleuve, chanté par Federico Gracia Lorca, ne permet pas de faire abstraction des kilomètres de campagne peu avenante, remplis uniquement de culture intensive d’agrumes et parsemés de villes légèrement glauques. Mais il faut bien fournir des oranges à tous les pays du Nord !
Les choses s’arrangent après la ville blanche de Arcos de la Frontera. Là, les plaines vallonnées offrent des couleurs variées selon les cultures et la terre.
Pour finir, une montée bien raide me mène à Vejer de la Frontera, autre ville blanche où j’atteins mon hôtel après avoir fait des tours et détours dans ses dédales de ruelles.
Les images du jour
Une grosse étape sur des routes « exigeantes »
Jour 10 # 11 mai 2025 : Tanger - Fès / 375 en 10 heures 30
En Europe, un tel kilométrage est pour moi une « bonne » étape.
Mais ici, et en plus en empruntant surtout des routes secondaires, cela relève du marathon d’où le nombre d’heure.
Et je n’ai pas vraiment fait du tourisme !
J’ai donc été mis à l’épreuve par des routes soit bien défoncées par le trafic et où le bitume fait des « vagues », soit s’étant partiellement effondrées et pas souvent réparées, soit, enfin, en cours de travaux, à la phase gravillons de la taille de belle pierre.
A cela il faut rajouter les autres usagers motorisés qui sont pressés et veulent éviter les trous. On se retrouve donc souvent nez à nez avec le trafic opposé.
Sans oublier, le bétail, les enfants, les chiens et autres piétons.
Les paysages sans être affreux n’étaient pas sublimes. En fait, je ne suis pas certain d’avoir été très réceptif à cet aspect-là durant la journée, restant assez concentré sur la conduite.
Le parcours se finit par la traversée de Fès ce qui requiert là aussi une bonne concentration, les règles de conduite étant plus « créatives » que par nos contrées du Nord.
Afin de finir en beauté, je rejoins mon hôtel par une grimpette de 2,5 km sur un chemin de terre correct mais venant de prendre une averse.
Heureusement, le Dar El Mandar vaut l’effort. Vue panoramique sur la plaine de Fès et charmante chambre rustique.
Pour cause de bonne fatigue et d’absence de réseau, je repousse à un autre jour la mise en ligne des images du jour !
Les images du jour
Une étape « plaisir » par le Moyen Atlas
Jour 11 # 12 mai 2025 : Fès - Midelt / 202 en 6 heures
Retour à des jours moins éprouvants. Aujourd’hui que 202 km et j’ai pris mon temps.
Départ tardif du Dar El Mandar par la descente sur le chemin puis que des bonnes routes, avec peu de monde.
Tant mieux car j’ai pu ainsi admirer le Moyen Atlas et ses Jebels sauvages. Le tout à plus de 1700 m d’altitude.
Autant en 2023, je craignais chaque jour la chaleur mais cette année c’est plutôt la fraicheur. Mini à 12° et maxi à 22°. Pas de quoi étouffer. Mais c’est très bien ainsi.
Un déjeuner correct dans un resto de bord de route et me revoilà parti vers le Haut Atlas. Je dors ce soir chez Mustapha, hôte très accueillant, au pied des monts où l’orage gronde et avance vers nous.
Demain, je devais monter à Agoudal, plus haut village du Maroc (2800 m), mais y étant déjà allé en 2023 et à l’annonce de neige et de températures négatives, je change de plan et passerai par la plaine (Errachidia) pour aller faire étape à Tinghir. Je passerai par les gorges de Ziz mais ne ferai pas les gorges de Dades. La vie est un choix !
Les images du jour
Le début du Sud : grands espaces, chameaux et 30°
Jour 12 # 13 mai 2025 : Midelt - Tinerhir / 273 km en 6 heures 30
Je ne regrette vraiment pas mon changement de programme.
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Du fait de la beauté de l’itinéraire réalisé et par les commentaires de deux enduristes, ce matin au petit déjeuner : « on ne monte pas à Agoudal. Trop risqué avec la neige ».
Et eux, ils sont des motards aguerris au Off road et équipés pour !
Je file donc vers Rich puis Er-Rachidia en alternant les gorges superbes, les grandes plaines arides et les villes et villages au milieu des palmeraies. Il y a même de l’eau dans les oueds.
On voit qu’on se rapproche du désert sans y être encore vraiment. Les panneaux « Attention Bétail » (en général bovidé ou caprin) sont remplacés par des panneaux « Attention camélidé » !
Je déjeune d’un délicieuse pizza à Tinejdad et sent les 30° qui montent.
Ls Kasbah Tomboctou m’accueille avec la fraicheur de sa piscine à Tinerhir, une des plus grandes palmeraies de la région.
Les images du jour
Une courte étape, un peu buissonnière
Jour 13 # 14 mai 2025 : Tinerhir - Skoura / 136 km en 3 heures
Je fais la grasse mat jusqu’à 8h30 et décolle vers 10h quand tous les groupes sont déjà en route vers les trop fameuses Gorges de Dades.
Je quitte Tinerhir pour Boulmane Dades et longe, cote sud cette fois-ci, le Haut Atlas et ses sommets bien enneigés pour le Maroc un 15 mai. Au moins, les locaux auront un peu d’eau cette année !
Le vent est fort mais souffle plus ou moins de ¾ arrière donc moins embêtant que de côté. La conduite se doit quand même d’être « attentive » pour gérer les dépasseurs un peu frôlant et les camions en sens inverse mordant plus ou moins de mon côté, étant donne la relative étroitesse de cette Nationale 10.
Brusquement, pour changer de la route droite, je prends une petite route qui grimpe dans la montagne. Histoire de voir si l’herbe est plus verte là-bas ! Pas vraiment d’herbe verte mais des vues superbes sur un jbel aride où semblent vivre des chèvres et leurs bergers avec famille.
A partir de Boulmane Dades, la Vallée du Dades est une longue suite de village en terre et de cultures vertes et foisonnantes dont les fameuses roses que des gamins en bord de route veulent me vendre sous forme de couronne.
Skoura arrive vite ensuite, toujours dans le vent. Au bout d’un chemin dans la palmeraie, j’atteins le L’Ma Lodge, petit coin de paradis tenu par un couple franco-belge et leurs 2 ados. Je déjeune sous les palmiers de délicieuses brochettes de poulet et d’une salade marocaine généreuse.
La vie sur la route ne peut pas être que bitume, chaleur, vent et poussière !
Demain, c’est repos avant de poursuivre vers la cote en passant par le Toubkal.
Les images du jour
Une courte et jolie étape entre Ouarzazate et Toubkal
Jour 15 # 16 mai 2025 : Skoura - Toubkal / 216 km en 6 heures
Je quitte Skoura et son petit coin de paradis par des routes excellentes et le long du Haut Atlas.
Ouarzazate fait l’effet d’une mégalopole, plutôt jolie, avec son aéroport international, ses belles avenues bordées de palmiers et ses studios de cinéma de renommée mondiale.
Je bifurque vers Ait Ben Haddou, célèbre village de cinéma mais vraiment plein de cars de touristes. L’ayant déjà visité en 2014, je passe mon tour et poursuis par une route superbe où alternent les vertes vallées avec leurs nombreux villages vivants et les contreforts arides du Haut Atlas.
Ne trouvant rien de vraiment engageant à Agouim, je piquenique au bord de la route à 2300 m d’altitude et à l’ombre. Il fait divinement bon, même pas chaud !
La route devient de plus en plus « tertiaire » et j’admire les monts du Parc National du Toubkal dont le mont du même nom, avec ses à 4167 m, est le point culminant d’Afrique du Nord.
Je rejoins ensuite sans encombre mon auberge pour la nuit. Autant dire qu’en comparaison des deux derniers jours, c’est « rustique », pour rester poli !
Le patron a l’air surpris de me voir mais accueillant tout de même. Il me propose même un tajine pour le diner. Je vais prendre le risque de diner ici ce soir. Passerais-je au travers ?
La propreté de la chambre laisse à désirer mais en même temps, pour 14€ dans un coin non touristique, il ne fallait pas s’attendre à des merveilles !
Les images du jour
Le Maroc rural et montagneux. Superbe !
Jour 16 # 17 mai 2025 : Toubkal - Tafraout / 282 km en 8 heures
Après avoir bien digéré mon tajine d’hier mais eu une nuit agitée, un chien avait manifestement quelque chose contre quelqu’un car il a aboyé sans discontinuer de 2h à 5h du mat, je décolle de mon palace à 8h sans voir âme qui vive.
La première partie de la journée se fait sur des routes à 2000m d’altitude « techniques » du fait du revêtement aléatoire.
Je traverse des villages animés, en bordure d’un oued en eau et donc entourés de culture et d’arbres.
Ici, c’est une ruralité de subsistance où tout se fait à la main, y compris la moisson, et se transporte à dos de femme ou d’âne. Les hommes n’ont pas l’air très présent dans les champs ! Pas de tracteur ni aucun engin dit moderne.
J’enchaine ensuite avec une route qui suit un oued. Mais la route a, dans bien des endroits, été emporté ou passe carrément dans le lit de l’oued, heureusement à sec !
Je remonte ensuite en altitude et retrouve des routes en meilleur état. Je traverse des « altiplano » bien déserts où les villages ont l’air moins vivant. La température repasse sous les 30° mais un vent par bourrasques violentes rend la conduite peu décontractée.
J’arrive à Tafraout par un bon 30° et me rafraichis dans une piscine qui me semble divine.
La vue sur les monts surplombant l’hôtel est magnifique !
Les images du jour
Une courte étape pour atteindre l’Atlantique et le point occidental de mon périple
Jour 17 # 18 mai 2025 : Tafraout - Mirleft via Sidi Ifni / 216 km en 6 heures 30
Je pars tranquille de Tafraout sous un ciel bleu et une température déjà bonne (26° à 9h30)
La route est excellente tout le long et je traverse des paysages variés, agréables sans être époustouflants, et des villes et villages peu animés en ce dimanche et sans intérêt majeur.
A 50 km de la côte, je passe un dernier col et perds 9° en quelques hectomètres. L’influence Atlantique est bien réelle. Un brouillard incertain se dessine sur la côte.
Je rejoins ensuite Legzira et sa plage au bout d’un chemin de terre. Je déjeune là, en bord de mer, au restaurant Le Petit Pêcheur, d’une salade marocaine et d’un très tendre morceau de poulpe.
Pour finir cette courte journée, je décide d’aller voir Sidi Ifni, exemple rare d’architecture néo-classique d’influence espagnole. Pas laid mais pas bouleversifiant non plus.
Trouvant un « supermarché » à Sidi Ifni, je refais mon stock de thon et maïs en boite !
J’arrive sans encombre à mon hôtel, en bord de plage à Mirleft. Un coin au calme et assez joli pour reprendre des forces avant la dernière semaine au Maroc.
A partir de mardi, je vais enchainer 6 étapes entre 250 km et 370 km et avec des températures qui devraient largement atteindre les 35°. D’où l’importance de reprendre des forces, au frais sur la côte Atlantique !
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Le vrai Sud : chameaux, grandes étendues et 37°
Jour 19 # 20 mai 2025 : Mirleft - Tata / 363 km en 6 heures
Je quitte Mirleft par un petit 19° et enchaine les kilomètres sans problème.
Les vues deviennent de plus en plus arides et les voitures ou camions se font de plus en plus rares.
Après 120 km, les 50 km de piste sont en fait une route goudronnée très correcte.
Rouler sur une piste n’est pas un problème en soi mais le risque de tomber sur des passages très abimés par les éléments est plus élevé. En plus, si c’est une piste c’est qu’il y a peu de passage et donc en cas de problème, faut vraiment se débrouiller seul.
Je rejoins la N12 et engrange les kilomètres à une moyenne qu’il y a longtemps que je n’ai pas atteinte.
Et puis, assez soudainement, les 21° que j’avais depuis le départ commencent à grimper et en une dizaine de kilomètres, on atteint les 37°. Premier vrai coup de chaud depuis 2 semaines.
Aucun resto dans les deux ou trois oasis que je traverse. J’oublie l’idée d’un piquenique avec une telle température et surtout sans une once d’ombre pour ne pas cramer en plein désert. J’avale donc des chips et surtout bois des décilitres d’eau.
De toute façon, je roule vite sur cette route rectiligne en bon état, sans personne et sans vent.
Tata est atteint à 14h30 et après avoir fait le plein, je me refugie dans un hôtel alors que le thermomètre frise les 40°.
Les images du jour
Une étape « Sud » variée et superbe mais pas froide
Jour 20 # 21 mai 2025 : Tata - Agdez / 330 km en 6 heures 30
Je quitte Tata à 8h30 avec déjà 29°.
Les paysages sont toujours aussi arides mais avec plus de montagne et donc moins de lignes droites infinies.
Les routes se dégradent un peu avec des portions longues en travaux rendant la conduite un peu hasardeuse. D’où un rythme moins soutenu qu’hier.
Je rejoins la N10 au sud de Taliouine et traverse les villages du safran, l’or orange de la région.
Puis c’est une alternance de paysages lunaires, d’oasis verdoyants et de cultures en plein désert.
Autant jusqu’à 13h, on est resté en dessous de 29°, probablement grâce à l’altitude (1800 m en moyenne) mais à partir de 13h00, le thermomètre monte rapidement à 37° et y reste.
Après quelques rencontres avec des chameaux et leur chamelier, je fini par trouver un coin d’ombre, chose rarissime dans ces plaines désertiques, et fais bombance d’une boite de thon et d’une de maïs. Au moins, je surveille ma ligne !
J’arrive à Agdez et profite du havre de paix et de relative fraicheur du Dar Sofar.
Les images du jour
Une étape de palmeraies et de djebels
Jour 21 # 22 mai 2025 : Agdez - Amelkis / 325 km en 7 heures
Le départ de Agdez se fait par 29° à 8h30. Je profite de ces instants de fraicheur !
La ville est en pleine effervescence : écoliers en route, marché bien grand et plein d’acheteurs et taxis filant vers leur destinée.
La route est en bon état et suit le début de la Vallée du Draa, palmeraie ininterrompue jusqu’à Zagora et les portes du Sahara. C’est incroyable qu’à partir du moment où il y a de l’eau tout pousse : dattiers, céréales, légumes, fruits et même luzerne.
Je longe ensuite le djebel Sarhro par le sud. Plus aride mais avec de-ci de-là des palmeraies et des villages animés.
Je fais un break à Alnif où je rencontre Carlos. Bénévole américain pour 2 ans dans une association d’aide aux jeunes. Il vient de Boston mais a passé 3 ans à Barcelona et ailleurs en Europe. Courageux car certes Alnif est une ville dynamique mais cela reste une bourgade en pays berbère. Donc le peu d’arabe qu’il a appris avant ne lui sert à rien ici.
80 km après Alnif, je rejoins le Tafilalt, autre palmeraie sans fin entre Rissani et Errachidia. C’est agréable de rouler parmi cette végétation. Cela ne fait pas vraiment baisser le thermomètre (37°) mais le vert environnant donne la sensation qu’il fait plus frais.
Je sens bien que j’ai rejoins un axe plus civilisé. J’ai croisé au moins une trentaine de motards qui se dirigeaient surement vers Merzouga pour aller voir les dunes.
A l’occasion de la traversée de Rissani, je reste toujours surpris par le nombre de jeunes sortant du lycée et de leur utilisation assez massive du vélo. Il y a même, sur des tronçons de routes improbables, des pistes cyclables. Comme quoi, les « mobilités douces » ne sont pas réservées aux bobos parisiens !
Je déjeune d’une pizza assez moyenne au restaurant Paris Dakar à Erfoud où l’accueil et le jus d’orange sont excellents.
J’arrive ensuite rapidement à Amelkis où je loge dans une maison d’hôte surplombant la palmeraie.
Vues superbes depuis la chambre.
Les images du jour
Gorges du Ziz majestueuses et vent latéral
Jour 22 # 23 mai 2025 : Amelkis - Sidi Boutayeb / 249 km en 7 heures
Changement de plan pour ce quatrième jour de la remontée vers Nador.
Les trois premiers jours par 37° et sur des routes assez peu habitées commencent à se faire sentir. Je décide donc de ne pas faire une telle quatrième étape de 370 km et opte pour la route plus directe par les gorges du Ziz, déjà faite à l’aller, et Midelt.
Je pars donc à la cool par un frais 23° a 9h00. Je n’atteindrai les 30° qu’à 16h00 en arrivant sur Missour.
Les gorges du Ziz dans ce sens-là sont encore plus majestueuses et ont des airs de canyon américain.
Je déjeune d’une délicieuse salade marocaine et d’un sandwich au thon dans un kébab. Le sandwich était plutôt un chausson de pizza, fraichement cuit et délicieux.
La route se poursuit dans des décors de far West mais avec un p….. de vent latéral poussant assez peu à des records de vitesse.
C’est l’occasion de me remémorer la Rose des Vents du motard :
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L’Ideal, c’est zéro vent
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Ensuite, s’il doit y en avoir, le mieux est de l’avoir dans le dos. Ça vous pousse !
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Si non, de face, cela reste acceptable.
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Vent latéral, là, les choses deviennent nettement plus compliquées.
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Le summum du pas cool, c’est d’être sur une route étroite, avec du trafic en sens inverse et un vent latéral venant de droite. A chaque bourrasque, on risque d’aller se manger le véhicule qui arrive en face. Et ça, ce n’est pas bon pour la sante !
Je fini par trouver mon gite, au bout d’un chemin, au bord d’une immense oliveraie.
La chaleur de l’accueil compense la « rusticité » des installations !
Les images du jour
Une étape d’anthologie
Jour 23 # 24 mai 2025 : Sidi Boutayeb - Ain Salha / 229 km en 7 heures
Cette avant dernière étape marocaine pourrait facilement prétendre au titre d’étape idéale.
D’abord, la météo fut parfaite. Un grand ciel bleu malgré quelques nuages d’altitude au départ et des températures entre 15° et 26°. J’ai même apprécié ma doudoune jusqu’à 13h.
Ensuite, un parcours en montagne, avec 2 cols (2400 m et 1800 m) où les paysages furent d’une grande variété : sommets enneigés, plaines alpines riches de cultures variées, forets de chênes lièges, de cèdres et oliveraies centenaires.
Pratiquement pas de véhicule sur la route sans être pour autant une région inhabitée. J’ai traversé plusieurs villages animés par des marches et des groupes d’enfants allant à l’école. De vastes espaces où l’on voit une agriculture florissante. Pour autant, sur la route, si j’ai vu 2 camions et 5 voitures, j’ai croisé des centaines de chèvres, brebis et ânes, très souvent accompagnés de leur propriétaire et une oie !
Enfin, la route elle-même fut d’une grande variété. Les 50 premiers kilomètres furent des routes en très bon état, grimpant dans le Moyen Atlas et traversant les nuages.
Puis ce furent 130 km d’un parcours « technique » : alternance de pistes correctes mais raides pour grimper le col à 2400m, de routes défoncées où les restes de bitume sont des souvenirs qui occupent moins de place que les nids de poule et de route en travaux où les sous-couches de gros cailloux sont loin d’être stabilisées.
Je finis par 50 km de route de montagne, descendant de 1800m à 600 m, en état correct pour ce type de route et d’endroit mais pas de quoi vous donner envie de mettre le genou à terre dans les virages !
A cela, il faut ajouter les dégradations subies par ces 3 types de « revêtements » : pierres et rochers tombés des falaises, routes effondrées dans le ravin et routes emportées par les torrents sauvages cascadant des sommets enneigés.
C’est bien ce mélange de conduite « exigeante », de paysages superbes et de sentiment d’être hors des sentiers touristiques qui font de cette étape une excellente journée.
Cerise sur le gâteau, je dors ce soir dans un gite perdu avec des vues superbes sur le Tazekka et un hôte absolument charmant.
Les images du jour
Retour à la civilisation !
Jour 24 # 25 mai 2025 : Ain-Sahla - Nador / 244 km en 5 heures
Je quitte le jardin d’Eden qu’est le resort Azzaouia en remerciant Omar, hôte chaleureux, simple et authentique. J’ai eu hier soir le meilleur repas de ce périple marocain et ce matin, au moment du départ, Omar m’avait fait préparer 4 galettes de semoule pour ne pas avoir faim en attendant le ferry ! Tout est fait maison avec les ingrédients du domaine : blé, olives, herbes, fruits et légumes !
Je démarre en suivant la vallée d’Eden dans lequel se trouve Azzaouia, canyon superbe au fond duquel s’étalent les champs de blé et d’olivier.
Je rejoins Taza, le vent et une Nationale digne de ce nom. Les kilomètres passent et je franchis plusieurs cols sur une deux fois deux voies magnifique. C’est le bon côté du retour à la civilisation. Cette route sans personne me permet d’enchainer les virages de façon fun et sans risquer un nid de poule destructeur ou un camion sur ma voie dans un virage !
Puis, je traverse la partie orientale du Rif. Pour faire un mauvais jeu de mot, le Rif ce n’est pas vraiment le kif ! Cette partie là du Rif ne fait pas pousser grand-chose et j’enchaine les villes de plus en plus grosses, avec des feux de circulation fonctionnant, et sans attrait apparent.
Je suis content d’arriver à Nador et de pouvoir me poser dans un bel hôtel au bord de la Mar Chica.
Demain, journée off avant de prendre le ferry et de remonter toute l’Espagne en 3 jours.
Les images du jour
Un pneu vite réparé, des routes amusantes et
des oliviers à perte de vue
Jour 27 # 28 mai 2025 : Almería - Torre de Juan Abed / 365 km en 8 heures 30
Le départ en ferry du Maroc s’est fait à l’heure dite et la traversée fut sans problème.
J’ai peu (4 heures) et mal dormi d’où un réveil à 6h00 un peu dur.
La journée a commencé par la réparation du pneu arrière qui avait emmené un clou marocain comme souvenir.
Heureusement, le garage BMW d’Almeria ouvrait à 8h30 et ils ont été très efficace. Alors qu’ils me prévenaient que cela pourrait prendre toute la matinée voire plus, j’ai juste eu le temps de petit déjeuner d’un « zumo de naranja y un pan con tomate » que la moto était prête. A 10h j’étais On Ze Road Again !
J’ai ensuite passé la journée entre 1000m et 1800m, donc pas plus de 28°, à travers les plaines et les massifs montagneux d’Andalousie. Des routes neuves, bien virolantes, au milieu d’une nature sauvage et de montagne d’olivier sans fin. Bien sûr, pratiquement personne sur la route.
C’est en arrivant dans la plaine de Castilla La Mancha que j’ai retrouvé un chaleureux 37°.
Etape ce soir dans un hôtel rural avec vue sur la campagne castillane.
Les images du jour
Plaines, moulins, monts et lacs de Castilla La Mancha
Jour 28 # 29 mai 2025 : Torre de Juan Abed - Sigüenza/ 399 km en 8 heures
Après un dîner digne d’une Etoile Michelin et une nuit réparatrice, je reprends la route tardivement, 9h30, pour traverser Castilla la Mancha.
Une grosse première partie ont été des plaines assez belles avec une grande variété de culture, notamment la pistache.
C’est dans cette région d’Espagne que se situe l’action du célèbre Don Quijote et donc je ne pouvais pas ne pas aller voir
« los molinos » dont de beaux exemplaires existent encore à Campo de Criptana.
Après un délicieux zumo natural accompagné d’un tapas Tortilla et Anchois, je poursuis et atteins rapidement el Mar de Castilla. C’est un ensemble de lacs artificiels qui rendent la région verdoyante et alimentent Madrid en eau.
Les routes deviennent bien moins rectilignes et de jolis virages donnent de la variété à la conduite, ce qui est un peu le graal du voyageur à moto : changer souvent de type de conduite pour éviter la lassitude qui peut être une source de fatigue et donc de problème.
En parlant de problème, j’en ai frôlé deux cet après-midi.
Le premier, dans un virage serré d’un petit village, un local ne pensait pas qu’une moto pouvait venir en sens inverse. J’ai évité de justesse et la voiture a pilé à temps mais ce n’est pas passé loin (8 cm, à vue de nez) !
Le second, c’est un insecte qui a réussi à passer derrière mes lunettes, sous mon casque, et à me piquer à 0,5 cm de l’œil. J’ai dû faire un arrêt d’urgence avec une main, l’autre tentant d’éradiquer la bébête.
Heureusement, comme il n’y a personne sur ces routes, on peut piler au milieu, ça ne risque rien.
Après toutes ces aventures, me voici en étape dans le château de Siguënza, un des plus jolis Paradores, tout juste rénové et modernisé.
Demain, une bonne dernière étape pour rejoindre le Pays Basque où mon fidèle destrier reprendra des forces, avant un retour dans l’été vers Paris.
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Une jolie dernière étape espagnole
Jour 29 # 30 mai 2025 : Sigüenza - Urrugne / 365 km en heures
Le temps est toujours au grand beau mais la température devient tout à fait agréable.
J’enchaine les dernières plaines de Castilla y Leon avant d’attaquer les reliefs de la Navarre.
Les routes sont bonnes, pratiquement personne et des vues souvent très belles. Quelques jolis villages.
Les presque 4 semaines sur la route et la proximité de l’arrivée me poussent à raccourcir un peu l’étape et à ne pas faire le crochet par des routes incertaines via Zugarramurdi.
Je ne m’économise que 30 km mais je sens qu’il ne faut pas abuser.
A Estella-Lizarra, je décide donc de faire au plus droit en passant par Pampelune et la Nationale puis par Ibardin où je fais quelques courses pour mon diner. Fait rarissime, je suis seul à Urrugne à l’arrivée. C’est en fait pas mal aussi car cela fait comme un sas après 25 jours seul et avant de retrouver la famille à Paris.